Superpositions

Publié le par chrisgraff20

Peints/vus/recouverts.

Le tag est éphémère. Une semaine au plus.

Sitôt peint, sitôt recouvert.

Une couche de peinture. Un fond. Et puis un autre graff, un autre tag.

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Une addition.

Une somme et pourtant une soustraction.

Soustraction puisque le nouveau enlève l'ancien.

Soustrait le précédent à nos regards.

 

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C'est la règle du jeu, du genre.

Il existe un temps limité. Puis il disparait. Plus ou moins vite.

Une photo. Des traces, des empreintes parfois.

Une lettre, une couleur subsiste, dépasse.

 

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Comme un fossile témoin de temps anciens.

Un souvenir.  

Il a disparu et pourtant il reste, on le voit.

Une superposition.

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Un plus un. Une addition donc.

Les tags recouvrent les graffs. Les graffs recouvrent les tags.

Un mur et des épaisseurs de tags, de graffs. Des épaisseurs de peintures.

Combien ?

Combien de projets anciens sous le nouveau ?

Combien de centimètres de peinture ?

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Seul un carottage comme le font les scientifiques au Pôle Nord pour dater la calotte glacière pourrait le dire.

J'ai essayé avec mon canif de creuser, gratter ces couches... j'ai compté environ une quinzaine de couches de peintures. Une quinzaine de fresques.

Mais je sais être très en-dessous de la réalité.

J'estime a plus d'une centaine les strates de peinture.

Une estimation basse, basée sur des calculs simples.

Une peinture effectuée tous les quinze jours environ (c'est une moyenne...).

Soit à peu près 24 par an.

 

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Je multiplie cette moyenne annuelle par, disons, mes années de repérage soit 10 ans et j'obtiens 240 peintures superposées ou 239 peintures disparues.

Et c'est, j'en suis bien conscient, une estimation basse.

Extrémement basse.

Ce chiffre. Ces disparitions me donnent le vertige.

 

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Une certaine admiration... une peur aussi.

Comme des ossements pris dans des couches de terre. Des piles d'os.

Les plus anciens au fond. Les plus récents à la surface.

Un entassement.

Et un poids. Un poids qui tasse. Et moins de place.

Moins de place pour les suivants.

Une claustrophobie.

 

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Et les couches s'effondrent sous le poids de ces générations de morts. Elles/ils se mêlent, s'écrasent, se délitent.

Le désordre apparait. Un désordre énorme. Effrayant.

Les tags et les graffs s'entrechoquent, se chevauchent, s'affrontent.

Tout croit de façon désordonnée, anarchique.

C'est une jungle sauvage et dangereuse.

L'ordre est définitivement bouleversé.

 

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C'est la fin...

Fin.

 

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(Tous ces tags et graffs ont existé rue Desnoyez, rue Ramponeau à La Forge, à la maison des frigos et rue Louis Delgrès).

 




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