Rideau !

Ephémères.

Sitôt finies, sitôt effacées, sitôt recouvertes, recommencées.

A peine vues, elles disparaissent.

Toutes.

Tôt ou tard.

Pourtant il en est qui résistent. Qui restent.

Et c'est étonnant. Etonnant car on les voit peu.

Quelques instants par jour. 

Et puis elles disparaissent.

Apparition/disparition.

Rue Victor Letalle, 20ème arrondissement.

Il y a un temps pour les voir. Un temps très court.

Le soir. La fermeture de la boutique, du café, du restaurant.

Quelques jours. Quelques heures.

Miss Tic.

Heures et jours de fermeture.

Fermeture car le rideau est baissé et l'oeuvre visible.

Visible mais peu ou mal. Rideau de fer baissé la nuit. L'obscurité.

Heureusement il y a encore le dimanche et le lundi.

Boutique fermée. Rideau baissé. Peinture visible.

Boulevard de Belleville, 20ème.

Et c'est réjouissant ces peintures qui apparaissent et disparaissent. Qui restent visisbles un court instant seulement et qui pourtant durent, durent.

Car elles durent, elles. Plus que leurs grandes soeurs.

Comme un jeu de cache-cache.

Vues/pas vues.

Pas pris.

Marseille.

Elles ne gènent pas le commerçant, le client qui ne les voient pas. 

Pas de pollution visuelle pour le commerce.

Elles se font discrètes. Ruses de sioux. Elles attendent le crépuscule, la lumière déclinante, les passants qui disparaissent. Qui rentrent chez eux.

Elles sont nocturnes plutôt.

Elles ont un autre public.

Noctambule. Promeneur du week-end.

Miss-Toc.

Marseille.

Peu vues finalement.

Et c'est une autre de ses particularités : peu vues, mal vues.

Mais elles résistent. Comme les plantes les plus communes. Personne ne s'en occupe. Personne ne les admirent, ne les cueillent. 

Elles résistent. Elles s'accrochent. Et un jour, le passant les voient.

Les a toujours vues.

Mais les boutiques meurent. Elles ferment et le rideau reste baissé.

Et les peintures se superposent.

Le rideau est un mur.

Et la peinture comme toute peinture de rue disparait. Effacée, nettoyée, repeinte, recouverte.

Rue Desnoyez, Belleville.

Un simple mur. Une simple surface...

Ces espaces cachés disparaissent. Contrôlés. Dirigés.

Au bercail. Retour à une certaine norme. Les commerçants, les municipalités passent commande.

Une liberté sous condition.

Sous surveillance.

Boucherie, rue Oberkampf, 11ème arrondissement.

De l'ordre ! Une certaine reprise en main en quelque sorte.

Un espace à récupérer. Un devoir de propriété...

"Pour vivre heureux, vivons caché" disait Florian.

Rideau !