Page d'écriture
Graphie... Typographie... Calligraphie...
Ecrire. Bien écrire. Mal écrire. Plaisir d'écrire.
Un cahier, un livre, un roman, un graff. Un GRAFF !!!
Les graffitis. Un choix de lettres de l'alphabet. Lettres disposées. Formant des initiales, un mot, une phrase.
Des lettres géantes, peintes, décorées, enluminées.
Un souci de lisibilité et de beauté à la fois.
Un tracé souple et précis. Des lettres formées, bien formées.
Du temps passé pour cette "page d'écriture".
Et... et je pense... je pense que c'est juste quelque chose de fou ces graffs, ces recherches "typographiques". C'est fou car complétement anachronique.
Il n'y a plus de manuscrits. A l'école et encore. En voie de disparition.
Tout est tapuscrit, taper au traitement de texte de l'ordinateur, au mail, au sms.
Encore les cahiers en élémentaire, au collège, au lycée.
Encore quelques cartes postales. Quelques lettres peut-être ?
Les pages d'écriture disparaissent. Le papier se fera rare sûrement.
Tout disparait.
Les sms et les mails s'effacent. On trie. On réduit. On perd. On oublie.
Anachronie de ces écritures murales.
Enormes. Incontournables.
Peintes sur des murs. Des murs solides. Solides.
L'exact contraire des papiers, des mails éphémères.
Là, fait pour durer.
Impossible de ne pas les voir, les lire. Impossible de les froisser, de les jeter.
Impossible de les ignorer.
Et pas de ratures.
Une écriture soignée. 10 sur 10. Note maximale.
Et c'est d'autant plus étrange ce paradoxe d'une écriture de plus en plus virtuelle et là, très "manuelle", très réelle et qui est "écrite" par des jeunes.
Ceux qui écrivent ces mails, ces sms.
Ceux qui ont cette orthographe souvent phonétique. Ces abréviations.
Les mêmes. Ce sont les mêmes.
Et cela m'étonne. Ou plutôt m'amuse et me surprend.
Les idées reçues.
Ces lettres peintes, comme une résistance. Une reconnaissance.
Une découverte.
Une restauration. Un tableau débarassé de son vernis sombre. Les couleurs qui réapparaissent, éclatantes.
L'écriture réapparait. Comme une oeuvre en soi.
Un aboutissement.
Beau et bien et bon.
Certaines difficilement lisibles voire complétement ilisibles.
Peu importe.
Toujours une recherche. Toujours une invention. Toujours une exigence.
Un dernier paradoxe et pas le moindre.
Plus je m'éloigne des centres-villes et plus cette écriture s'affiche.
Plus elle a de valeur.
Plus le fond ne saurait se dissocier de la forme. Plus j'y trouve une élégance et une "éthique".
Une valeur morale. Une fierté.
Réhabilitation du travail bien fait.
Vers une sociologie du graffiti ?
(Ces lettres peintes proviennent essentiellement de la rue Desnoyez, de La Forge rue Ramponeau, de Montreuil et de la ligne 9).